Obsession (Les âmes enchaînées t.1) : Chapitre 7
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Et voici le chapitre du jour…
7. JEANNE
Et voilà qu’il est 23 h 15 et que je n’ai toujours rien. Le dîner, bien que très agréable, n’a ranimé aucune présence. Tout ce qu’il a réveillé, c’est mon appétit. Je commence à réaliser que je risque d’échouer dans mon projet de démasquer la grande escroquerie qui m’empêche de vendre Vauvey au plus offrant. Pas le moindre gémissement fantomatique, pas la plus petite orbe artisanale. Et je n’ai pas trouvé la source de la musique que j’ai entendue tout à l’heure.
J’hésite à remonter au deuxième pour écouter si la berceuse tourne encore, mais je ne verrai sûrement rien de plus à présent que la nuit est tombée, et sortir de la chaleur du feu pour aller me casser la figure dans des couloirs glacés ne me dit vraiment rien.
Je grommelle :
— Je m’attendais à quelque chose de plus spectaculaire.
— Je pense que tu devrais faire attention à ce que tu souhaites, prévient Louis.
Depuis notre rapprochement manqué tout à l’heure, nous avons repris des distances plus respectables et évité soigneusement les sujets de conversation personnels.
Saisie d’une impérieuse envie de faire les cent pas pour me reconcentrer sur mon objectif premier, qui est de me débarrasser du château, je me redresse d’un bond, mais dois me rasseoir immédiatement. Tout s’est mis à tourner autour de moi.
— Ça ne va pas ? demande Louis Destel.
Je n’ai pas fait très attention et j’ai dû boire un peu plus que prévu.
— Mais si. Je me suis levée un peu vite. Bon. Ils sont où, ces fantômes ? Passons un accord. Nous essayons de tirer cette histoire au clair de façon honnête.
Louis se tend sur le canapé à côté de moi. Je sens le coussin qui bouge, je vois la cuisse athlétique qui se crispe. Mon regard s’attarde sur l’anatomie parfaite de cette jambe.
— Je suis honnête avec toi depuis tout à l’heure.
— Oh, mais oui, je n’en doute pas ! Et je te fais entièrement confiance. Alors, puisque nous sommes d’accord, nous n’avons plus qu’à faire le nécessaire pour entrer en contact gentiment avec nos amis les esprits.
Louis soulève la bouteille pour l’examiner ; elle est encore à moitié pleine. Le regard jaune me passe en revue des pieds à la tête ; une vague de chaleur se répand dans tout mon organisme. Apparemment, mon corps s’est fait une opinion sur la situation et sur les opportunités qui se présentent, sans me consulter. Mon cerveau conscient, heureusement, n’a pas complètement perdu le fil.
— Allez, on se met d’accord. On fait tout ce qu’il faut pour entrer en contact avec les spectres, voir quel est le problème, s’ils veulent en discuter avec nous de manière raisonnable. Et s’il ne se passe rien, tu fais ton rapport sincère à notre ami l’agent immobilier, et ma vente reprend son cours. Ça te va ?
— Ça ne marche pas exactement comme ça, proteste-t-il.
S’il me dit encore une seule fois que ça ne marche pas comme ça, je jure que je vais péter un câble.
— Mais oui, je sais, il y a plein de choses qui ne se font pas dans le monde des esprits, mais moi, Jeanne Scarlatti, je déclare que je n’en PEUX PLUS et que je veux discuter avec les occupants de MON CHÂTEAU. Là, maintenant, tout de suite.
Il soupire.
Si ça l’embête de se farcir une cliente bourrée, il n’avait qu’à ne pas me faire boire.
Nous attendons. Je tape doucement du pied sur les tommettes :
— Je leur laisse dix secondes pour se manifester, à ces apparitions spectrales. Dix… neuf…
Je m’impatiente. Encore huit secondes, et je passe à l’action.
— Sept… six…
Il paraît que les fantômes veulent de l’énergie, et justement il se trouve que j’en ai à revendre.
— Cinq… quatre…
On dit aussi que les passions humaines les réveillent au quart de tour.
— Trois… deux…
Toujours rien.
Eh bien, puisque vous le prenez comme ça.
La suite demain ! Ou bien ici.